Kay : Bienvenue dans cet épisode spécial de Pause RH, Montagne & Cocotiers. Je suis Kay Rayée et aujourd’hui nous allons continuer la discussion sur les IA et les New Ways of Working. Est-ce que les IA sont des amis ou des ennemis ? C’est la question qu’on se pose. Bonjour Dobrila, comment vas-tu ?
Dobrila : Mais je vais très bien, figure-toi. Je suis ravie de pouvoir continuer dans cette étape-ci, l’étape numéro 2. Une conversation qu’on a commencé la fois passée sur ces grands changements, à nouveau des grands changements qui touchent de plein fouet nos entreprises.
Kay : Alors, avant de commencer, résumons sur quoi on s’est arrêté lors du dernier épisode. On s’est posé les questions suivantes : on a parlé de l’IA CrystalKnows, qui est une IA qui peut nous aider à communiquer en fonction du profil psychologique de l’interlocuteur. Et on se posait la question : est-ce que les informations récoltées sur les profils en ligne par les IA sont éthiquement correctes car elles se font à l’insu de l’utilisateur ? Ou encore, que penser de la tentation de caricaturer notre communication vers l’extérieur ?
Dobrila : Oui, et tout ce qui vient d’un chat GPT, c’est aussi de la communication, d’améliorer la rédaction, tout ça. On peut se poser la question… Une autre question qui revient aussi constamment, c’est à quel point les intelligences artificielles vont prendre notre place dans l’entreprise ? On ne sait vraiment pas où on va et ça soulève pas mal de peurs.
Est-ce que l’humain remplacera nos jobs ?
Kay : En effet, l’impact des IA sur l’humain est une préoccupation majeure? D’un côté, on va utiliser l’IA pour améliorer l’efficacité, la productivité des tâches plutôt chronophages, ce qui peut être bénéfique pour les individus et surtout les organisations aussi. De l’autre côté, on a du coup l’impression que bientôt, l’humain va être complètement effacé de l’équation. Donc ça, c’est une peur qui est présente.
Dobrila : Il y a peut-être un véritable atout, comme tu le dis, en optimisant nos performances. Cependant, il est également très important de prendre en compte les répercussions sur les emplois, les compétences des individus. Certains craignent que l’IA ne remplace des emplois traditionnels et ne réuise complètement les opportunités du marché de l’emploi en fait.
Kay : Ouais, cette préoccupation est tout à fait légitime. Cependant, il est important de noter que l’IA peut également créer de nouvelles opportunités d’emploi et de nouvelles compétences.
Parce qu’il va être crucial d’adopter, du coup, une approche d’apprentissage continu pour s’adapter à ces changements et développer de nouvelles compétences qui sont complémentaires à celles dont on parle.
« On va vraiment se concentrer sur le développement de compétences plutôt humaines, au lieu de se concentrer sur des tâches chronophages que l’IA peut prendre en charge. »
Dobrila : Exactement, et l’apprentissage continu sera donc le cœur du système, hein. Ce sera essentiel pour s’adapter à l’évolution technologique qui, de toute façon, est là pour durer. Tous les experts le disent. Je souligne ça vraiment très fort, parce qu’on ne retournera pas en arrière. C’est un changement de paradigme à nouveau. Donc, il est important de souligner que l’humain apporte des qualités uniques telles que la créativité, l’empathie, la pensée critique et la capacité à prendre des décisions complexes. Mais ce sera en connexion avec les intelligences artificielles.
Kay :
« Il est important, du coup, de trouver un équilibre entre l’utilisation des IA et le potentiel humain pour créer des solutions innovantes durables. Et surtout en complémentarité avec l’un et l’autre »
Dobrila : Oui, tout à fait. Donc, percevoir les intelligences artificielles comme un outil, sachant aussi qu’elles seront limitées.
Par exemple, dans certains cas, elles ne pourront pas aborder certains contextes car ils seront trop spécifiques ou propriétaires, et ainsi de suite.
Donc, l’humain continuera d’exercer son rôle d’expert, n’est-ce pas ? Et nous devrons apprendre à collaborer dans ces domaines en développant une compréhension approfondie de l’intelligence artificielle et en investissant également dans le développement des compétences humaines uniques. Ainsi, nous pourrons tirer parti de cette technologie tout en préservant notre valeur en tant qu’être humain. C’est cela que nous recherchons, n’est-ce pas ?
Kay : Oui, donc en fin de compte,
« L’objectif est de créer une synergie entre l’IA et l’humain en utilisant les avantages de chaque partie pour créer un environnement de travail beaucoup plus productif, équilibré et épanouissant. »
Est-ce que la machine peut prendre pouvoir sur nous ?
Dobrila : Alors là, évidemment, nous sommes très raisonnables, nous ne sommes dans aucun scénario catastrophe, donc il est impossible, à ton avis, que la machine prenne le pouvoir sur nous ?
Le fonctionnement d’un IA
Kay : Alors c’est vrai qu’on est très enthousiaste à propos de cet outil, mais il faut quand même comprendre comment il fonctionne pour pouvoir répondre à cette question.
Dobrila : Oui, et ce qui est intéressant, peut-être que vous en avez déjà entendu parler, mais en fait, cette intelligence artificielle que l’on nomme “intelligence”, elle n’a pas de logique. Donc quand elle te répond tout un chapitre sur, disons, le marketing par exemple, elle n’a pas de réflexion, de profondeur ou d’expérience. En fait, elle ne fait que collecter toute une série de mots, de concepts qu’elle a l’habitude de voir ensemble au sein de son immense masse de données, qui est beaucoup plus importante que ce que nous traitons. Et donc, ce sont les récurrences, les schémas logiques qu’elle peut reproduire sans aucun problème. Elle les traite donc sous forme d’un algorithme géant et elle détermine les relations qui existent entre les mots, les concepts, afin de les restituer d’une manière compréhensible pour les humains. Et pour nous, cela donne l’impression évidente d’avoir une conversation concrète avec quelqu’un, du moins quelque chose qui sait de quoi il parle, mais en réalité, il n’y a pas de logique derrière cela. Il est important de bien le comprendre. Donc, la question de la fiabilité sera au cœur du débat.
Est-ce que les IA sont fiable ?
Kay : Ben oui, justement, parlons de fiabilité. Il faut aussi savoir que les IA s’alimentent automatiquement. Plus nous leur donnerons d’informations, plus elles se nourriront de savoir. Alors, en tout cas, de savoir qui prétend être la vérité. Donc, l’IA ne fera pas la différence entre l’information que nous lui donnons, qu’elle soit véritable ou complètement erronée. Personne ne vérifiera cela. La fiabilité de ces informations est donc à prendre en compte.
Dobrila : Aussi, oui. Et puis on a vu que les intelligences artificielles, notamment les modèles qui existent au sein du ChatGPT, ce sont des modèles qui sont conversationnels, ils ne sont pas faits pour faire des calculs, donc ils font des erreurs de calcul. On a aussi vu des erreurs, des données aberrantes, voire même des choses qui sont peu adaptées parce que le contexte n’était pas compris. Ou si l’humain qui est en face n’a pas posé la bonne question, posé le bon cadre qui entoure la question.
Donc il est important de vérifier tout cela pour que ça puisse fonctionner au mieux et ça, ça prend du temps. D’ailleurs, on parle même de prompt Engineering, pour identifier les personnes qui auront développé ce type de compétences.
« On peut avoir un problème au niveau du contexte. Elle peut comprendre les mots individuellement, mais elle ne comprend pas toujours le sens global de ce qu’on lui dit, et c’est une limitation quand même importante, comme tu disais »,
Kay : Donc c’est pour ça que c’est crucial de maintenir, une supervision humaine. Heureusement, on a encore notre place. Vous voyez, une compréhension du contexte pour interpréter correctement les résultats générés par une IA.
Dobrila : Oui, l’histoire a montré par exemple des IA qui ont produit des résultats erronés ou même préjudiciables en raison de leur manque de compréhension contextuelle. Donc prendre en compte cette limitation, c’est de la sagesse, tout simplement, et je crois que tu as un exemple qui est vraiment rigolo par rapport à ChatGPT justement. Il n’y avait pas eu une bonne compréhension du contexte, alors je te laisse raconter ça. Ça vaut la peine.
Kay : Ouais, quand je préparais un atelier sur l’intelligence collective en ligne, j’ai voulu intégrer une chouette activité pour recadrer le groupe quand il perd de l’attention. Donc je me suis dit, je vais préparer ça. Quand ça déborde du cadre, quand ça part un peu dans tous les sens, comment est-ce que je peux recadrer avec un petit icebreaker, quelque chose de fun le groupe.Pour me donner des idées, j’ai demandé à ChatGPT de m’aider avec la consigne suivante : “Donnez-moi quelques astuces fun pour recadrer un groupe en visioconférence qui déborde du cadre.”
Donc la réponse était assez forte. Je partage les deux meilleurs.
Le premier, c’était le défi du bras le plus long :
- Demandez aux participants d’étendre leurs bras devant la caméra et de montrer le pouce levé.
- Puis, ils devront s’ajuster pour que le bras soit à la bonne distance, ce qui les recadrera automatiquement.
Alors là, voilà, j’étais un peu perplexe parce que même si c’est une activité assez fun, je ne sais pas si ça va atteindre l’objectif voulu.
Un autre exemple, c’était le défi du selfie du groupe.
- Il proposait de demander à tous les participants de prendre rapidement un selfie en mode panorama, en incluant tout le monde dans le cadre.
- Cela permettra de rappeler à tous de rester visibles à l’écran.
Donc vraiment, voilà, comme vous voyez, ben il ne prend pas en compte le contexte. Et puis moi, je pense aussi que j’ai mal posé la question parce que je n’ai pas donné tout le contexte qui est le cadre. Il fallait recadrer forcément, donc si on ne lui dit pas…
Dobrila : C’était le début, il fallait bien qu’on démarre aussi avec ce nouvel objet technologique ! C’est clair, on voit bien qu’il y a un décalage et que finalement le contexte n’a pas été du tout compris ici. Voilà, alors elles ont des défauts, ces intelligences artificielles, et nos collaborateurs, devront développer du scepticisme et pouvoir, justement garder la barre de cette fiabilité dont on a tant besoin.
Les inquiétudes de l’équipe
Kay : Oui, et intégrer les IA, du coup, suscite quelques inquiétudes chez nos équipes. On va peut-être en parler, parce que ben, c’est important d’aborder ces inquiétudes et surtout d’y donner une réponse.
Allons nous perdre notre job ?
D’ailleurs, une première inquiétude qui est revenue tellement souvent qu’on l’entend un peu partout, pour l’instant, c’est la peur de perdre son job au profit d’une IA qui nous volera la vedette? Tu l’as sûrement déjà entendue.
Kay : Oui, il est important de souligner que l’IA vise souvent à automatiser des tâches répétitives, ce qui permet aux membres de l’équipe de se recentrer sur des tâches beaucoup plus stratégiques et à plus forte valeur ajoutée. Donc ça veut dire que les tâches chronophages sont effectuées par l’IA et que nous, on va se focaliser sur ce qu’elle ne peut pas faire, donc c’est-à-dire réfléchir, mettre dans le contexte, mettre une stratégie en place, etc.
Dobrila : Voire mettre une émotion, une dimension émotionnelle, une dimension éthique. Tout ça, ça fait partie de ce que l’être humain peut apporter normalement, si tout va bien.
“Adieu les corvées ennuyeuses, bonjour les projets stimulants, c’est ce qu’on peut nous souhaiter à tous.”
La peur de l’inconnu !
J’aime bien cette idée, mais parlons maintenant aussi d’une autre évidence, c’est la peur de l’inconnu. Nous avons déjà fait face tellement de fois à la technophobie. Donc comment pouvons-nous aider justement nos équipes à maîtriser ces nouvelles compétences et outils technologiques qui ne vont pas manquer d’arriver à tous les niveaux ?
Kay : Oui, c’est une excellente question et importante aussi parce que il est essentiel de fournir une formation adéquate sur les IA et les outils associés. On ne va pas commencer à utiliser les IA comme ça tout à coup dans l’entreprise, parce que du coup ça va générer énormément de peur.
« Un soutien continu pour aider les membres de l’équipe à s’adapter et à développer les nouvelles compétences, notamment la compétence d’utilisation de l’IA, et les encourager à explorer et expérimenter l’IA dans un environnement sécurisé. »
Donc ça, ça va être important qu’on puisse explorer, qu’on puisse tester, qu’on puisse l’utiliser dans des projets pilotes, mais dans un environnement où on ne prend pas de risque, où l’enjeu n’est pas très fort, comme dans une formation par exemple, afin d’acquérir la confiance nécessaire pour utiliser ça dans son quotidien.
La confidentialité des données
Dobrila : Oui, tout à fait. Et ça entraîne tout de suite une autre question qui a émergé à la suite de ce que tu disais, c’est la question hypersensible de la confidentialité et de la sécurité des données. Alors comment apaiser ces inquiétudes qui sont, ma foi, bien légitimes ?
Kay : Oui, la sécurité des données, c’est quand même la priorité numéro une dans les entreprises. Il faut mettre en place des protocoles de sécurité solides pour protéger les données sensibles. Et ça, il faut le faire en fournissant des informations claires sur les mesures de sécurité à utiliser quand on utilise une IA au sein de notre entreprise, près de nos collaborateurs.
« Et il faudrait aussi réfléchir à la question d’une IA spécialement conçue pour les entreprises, ce qu’on appelle les IA dans les infrastructures dédiées. »
Ça existe déjà, donc ça veut dire qu’on va isoler le traitement des données de l’entreprise du Net. On va vraiment faire un cloisonnement des données que l’IA va utiliser pour émettre des informations au sein de l’entreprise, et du coup, ne pas se nourrir des informations du Net, et inversement. Les données confidentielles ne seront pas exposées au monde entier, et nous, on peut avoir confiance dans les informations que l’IA nous donne.
Dobrila : On sera en phase de système dédié propriétaire où les modèles d’intelligence artificielle se nourriront des données de l’entreprise et ce sera destiné aux utilisateurs de l’entreprise. Donc on sera dans un système qui aura quand même une sorte de verrouillage des informations et un système de sécurité beaucoup plus performant que ce qu’on voit actuellement, qui est un peu ouvert à tout ça. Actuellement, avoir plus de données, ça, c’est quand même un objectif très important.
La surcharge du traitement des données
Dobrila : Et on pourrait aussi se poser une autre question, qui est la montagne de résultats ? Parce que les intelligences artificielles sont volubiles, elles nous parlent abondamment, donc ça génère beaucoup d’informations. Et comment vont faire les équipes pour ne pas se retrouver submergées par cette nouvelle infobésité ? Quoi ? Très intelligente certes, mais n’empêche, il faut quand même absorber tout ça.
Kay : Oui, les résultats des IA peuvent être un peu intimidants. Le volume de réponses peut être indéfini, on va dire. Donc ce qui va être une approche clé, c’est de mettre en place des processus clairs pour gérer et interpréter les résultats générés par les IA. Donc on peut même utiliser les IA pour le faire.
« On peut très bien demander à l’IA de filtrer les résultats donnés avec un objectif clair et précis, et elle va faire le travail pour nous ».
Donc ça permettra aux membres de l’équipe de se concentrer sur les informations les plus pertinentes et d’éviter d’être submergés. Bref, tout réside dans l’utilisation de l’IA, donc il faut savoir l’utiliser à bon escient.
Dobrila : Oui, exactement, ça résume bien notre épisode. C’est cette petite touche d’humain qui fait toute la différence !
Kay : Les IA ont leurs super pouvoirs, mais nous aussi on a nos super pouvoirs humains, en mettant en avant les avantages uniques que les membres de l’équipe peuvent apporter, on peut créer un équilibre entre l’IA et l’humain, et favoriser un environnement de travail épanouissant.
Le cadre légal
« Il faut instaurer un cadre d’utilisation à la fois au niveau de l’entreprise et aussi au niveau des gouvernements »,
Parce qu’on n’en a pas encore parlé de ça.
Dobrila : Oui, justement, on sait que c’est l’urgence du moment, étant donné que ces modèles se développent à grande vitesse, les gouvernements sont un peu à la traîne.
Là, c’est tous les experts qui s’accordent à le dire, on a quand même quelque chose qui se passe en Europe qui est pas mal, puisque l’Europe se positionne en précurseur.
Ils sont en train de travailler sur une loi sur l’utilisation des intelligences artificielles dans les entreprises et aussi pour tous les fournisseurs de ces modèles. C’est quand même la première loi globale au monde, donc là-dessus, on est assez rapide, je trouve, ça ne veut pas dire que ce sera complètement efficace, mais ça a le mérite d’exister, de nous faire faire la bonne réflexion.
Et en ce moment, l’Europe précise sur son site internet que leur volonté, c’est de mettre en place un cadre nécessaire pour que les systèmes d’intelligence artificielle soient utilisés dans l’Union européenne de manière sûre, transparente, traçable, non discriminatoire et respectueuse de l’environnement. Donc tu vois, il y a encore un travail de cadrage qui est conséquent.
Kay : Du coup, en bref, on instaure une alliance parfaite entre la technologie et l’humain, mais dans un cadre éthiquement correct.
Dobrila : Exactement. Alors pour continuer cette discussion passionnante, on pourra le faire évidemment dans le groupe LinkedIn, notre groupe Pause RH, l’humain au cœur du changement et des nouvelles façons de travailler. Vous commencez à être un peu habitués maintenant, n’hésitez pas à revenir vers nous dans le groupe.
Kay : Oui, je vous invite tous à nous rejoindre sur LinkedIn pour poursuivre les échanges et partager vos expériences et vos idées sur l’IA. On est vraiment impatients de vous entendre.
Dobrila : Vos avis ? Nous avons hâte de vous lire, de lire vos commentaires, vos questions, et surtout de continuer cette conversation avec vous tout simplement. Naturellement, allons-y. Explorons et peut-être ce sera le sujet de certains de nos futurs podcasts aussi, pourquoi pas ?
Kay : Super, merci Dobrila pour l’échange aujourd’hui. Rendez-vous sur LinkedIn. Je vous dis à bientôt.
Dobrila : Merci encore à tous et n’oubliez pas, l’humain au cœur de l’action, c’est maintenant. Ciao ciao, à bientôt !